Qu'est-ce qu'une figure de style ou de réthorique ?
C'est l'expression de la volonté de dire quelque chose différemment de l'ordinaire, en changeant le sens ou le langage pour s'écarter de la norme.
Comment peut-on essayer de les classer ?
On vous propose cette classification concernant leur fonction dans le discours (oral ou écrit).
FIGURES FONDÉES SUR L'ANALOGIE
LA COMAPARAISON : on rapproche deux termes (le comparé et le Comparant) grâce à un élément en commun ou à un outil grammatical (comme, ainsi que, pareil à, tel que, ressembler à…)
Exemple : Le poète est semblable au prince des nuées (Baudelaire, L'Albatros, Les Fleurs du mal)
LA MÉTAPHORE : on rapproche deux termes sans aucun outil grammatical
Exemple : Je ne regarderai ni l’or du soir (le soleil) qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur (Victor Hugo, Demain, dès l’aube, Les Contemplations)
LA PERSONNIFICATION :on donne à une chose ou une idée les traits d’une personne
Exemple : Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l’aurore
Va dissiper la nuit. (Alphonse de Lamartine, Le Lac, Méditations poétiques)
L'ALLÉGORIE : on représente de façon imagée (par des éléments descriptifs ou narratifs) les aspects d’une idée.
Exemple : Ô Mort, vieux capitaine, il est temps !
Levons l’ancre ! Ce pays nous ennuie,
ô Mort ! Appareillons ! (Baudelaire, Le voyage, Les Fleurs du mal)
FIGURES FONDÉES SUR LA SUBSTITUTION
LA MÉTONYMIE : On remplace un mot par un autre mot ayant avec le premier un rapport logique :
a) entre un objet et sa matière
Exemple : Ah ! quelle cruauté qui tout en jour tue
Le père par le fer (l'épée), la fille par la vue ! (Corneille, Le Cid)
b) entre le contenu et son contenant
Exemple : Allons boire un verre (le verre contient le liquide que l'on boira)
c) entre le lieu et sa fonction
Exemple : boire du champagne (Le lieu, la Champagne, a donné le nom au vin qui y est produit)
LA SYNECDOQUE : on remplace un mot par un autre ayant une relation d’inclusion (la partie pour le tout ou le tout pour la partie) ; par rapport à la métonymie, la synecdoque établit une relation plus précise et spécifique entre le mot substitut et le mot original.
Exemple : Dimanche je n'ai pas mis le nez dehors tellement il faisait froid !
LA PÉRIPHRASE : on remplace un mot par une phrase pour éviter de le répéter ou pour donner une explication
Exemple : Il y a plusieurs festivals du septième art en Europe : Cannes, Venise, Rome, Berlin
FIGURES FONDÉES SUR L'OPPOSITION
L'ANTIPHRASE : on dit le contraire de ce que l'on veut communiquer souvent pour faire de l'ironie
Exemple : Vivent les collèges d’où l’on sort si habile homme ! (Molière, Le Malade imaginaire)
L'ANTITHÈSE : on oppose deux termes ou deux ensembles de termes
Exemple : Je l’aime, je le fuis ; Titus m’aime, il me quitte. (Jean Racine, Bérénice)
LE PARADOXE : c'est une idée contraire à l’opinion commune pour surprendre, choquer ou faire réfléchir
Exemple : J’enseigne à mon élève un art très long [...], c’est celui d’être ignorant. (Rousseau, L'Emile)
L'OXIMORE : on unit, dans une même expression, de deux termes contradictoires.
Exemple : Son mutisme est assourdissant (Albert Camus, La chute)
LE CHIASME : c’est la disposition selon le schéma AB/BA des éléments d’une antithèse
Exemple : Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera (Jean Racine, Les plaideurs)
FIGURES FONDÉES SUR L'AMPLIFICATION ET L'INSISTANCE
L'HYPERBOLE : on amplifie les termes d’un énoncé pour mettre en valeur un objet ou une Idée
Exemple : je suis mort de fatigue !
L'ANAPHORE : On répète les mêmes mots en début et en fin de phrase ou de vers
Exemple :
Ceux qui pieusement...
Ceux qui copieusement...
Ceux qui tricolorent
Ceux qui inaugurent
Ceux qui croient [...] (Jacques Prévert, Tentative de description d'un dîner de têtes à Paris-France)
LA GRADATION (énumération) : on ordonne les mots en progression croissante.
Exemple : Va, cours, vole et nous venge (Corneille, Le Cid)
FIGURES FONDÉES SUR L'ATTÉNUATION
LA LITOTE : on dit le moins pour suggérer le plus
Exemple : Va, je ne te hais point (Corneille, Le Cid)
L'EUPHÉMISME : on atténue l’expression d’une idée ou d’un sentiment pour ne pas déplaire
Exemple : L’Époux d’une jeune Beauté
Partait pour l’autre monde ( La Fontaine, Fables, La Jeune Veuve)
FIGURES FONDÉES SUR LA CONSTRUCTION
LE ZEUGME (ATTELAGE) : on associe à un mot deux compléments différents (abstrait et concret).
Exemple :
Tout jeune Napoléon était très maigre
et officier d’artillerie
plus tard il devint empereur
alors il prit du ventre et beaucoup de pays… (Prévert, Composition française)
L'ELLIPSE : on supprime un ou plusieurs mots de l’énoncé sans modifier le sens
Exemple : Heureux (est celui qui) qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage (Du Bellay, Heureux qui comme Ulysse, Les Regrets)
L'ANACOLUTHE : on met en valeur un énoncé par une rupture de la structure syntaxique.
Exemple : Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. » (Baudelaire, L'Albatros, Les Fleurs du mal)